Chers lecteurs, chères lectrices, bonjour ! Jusqu’à la fin du mois d’août, Vous avez un nouveau massage sera partagé le samedi, comme c’est le cas aujourd’hui. J’ai commencé le récit qui va suivre depuis mon lit, jeudi matin. Je m’étais réveillée avant le soleil ce qui est extrêmement rare (et tôt) en ce mois de juillet, mais mes douleurs de règles ont décidé de m’extirper du sommeil. Allongée dans mon lit, je repensais à l’été 2015. Il y a 8 ans jour pour jour, j'étais sans doute dans la même position, en train de finir ma nuit sur la mezzanine bouillante d’une petite maison en Sardaigne.
Quelques semaines plus tôt, je dépasse mon forfait pas encore illimité en Europe pour consulter les résultats du bac sur Internet. Je me revois assise dans le sable. Mes larmes tombent sur mes cuisses que j'active pour sauter dans l’eau salée où Marina et son fils sont en train de jouer. Je leur annonce ma mention très bien, et je sais que c’est une nouvelle étape.
Marina est la mère de famille italienne pour laquelle je travaille en tant que jeune fille au pair cet été là. J’y suis depuis la fin du mois de juin. J’ai 18 ans et je réponds sans y croire « j’habite à Paris » quand on me demande où je vis. C’est faux, mais c’est en tous cas où je dois être en septembre. Je n’ai pas encore trouvé d’appartement, je n’ai pas de pied à terre dans la capitale que je connais à peine, mais je suis inscrite dans une école de commerce de la mode et du luxe - bientôt ce sera donc vrai. Marina a 20 ans de plus que moi et on l’oublie souvent quand on refait le monde après une journée de travail. Elle masse les clients de la plage paradisiaque où je cours après son fils qui nous déteste moi, ma crème solaire et l’interdiction de rester sur l’iPad de son copain toute l’après-midi.
Cette semaine, il a fait gris à Paris et ça m’a plusieurs fois transportée à cet été là. Je repense à notre espoir, à Marina et moi, qu’une météo grise nous cueille au matin. Sur la grande île, le ciel prend des nuances orangées que je n’ai jamais vues auparavant, le soir il m’offre des étoiles filantes à la pelle et en juillet 2015 il passe son temps à être bleu. Ce qui signifie touristes en maillot = Marina masse activement = je garde le petit tous les jours. On a souvent guetté les nuages depuis notre terrasse, qui n'avait pas une vue sur la mer mais sur la cambrousse. On les a rarement vus et on a donc beaucoup travaillé jusqu’à la fin du mois d'août.
Je n’en ai aucune idée à ce moment-là, mais cet été complètement improvisé et sous-payé va façonner mes goûts, mon destin et mes envies pendant plusieurs années, et peut-être même pour le reste de ma vie. Par exemple, c’est parce que je tombe en amour de la langue de Marina que vendredi prochain je partirai réviser mon italien rouillé pendant trois semaines à travers le pays. Très fidèle à l’Espagne où une partie de ma famille vit, je n’y avais jamais mis les pieds avant ce long séjour en Sardaigne. Et à l’exception de 2020, j’y suis retournée chaque année depuis pour entendre encore la langue qui a rythmé le premier été de ma majorité. C’est peut-être aussi ma dure expérience de baby-sitter (7h-21h à se battre avec un petit gars qui ne voulait pas de moi, c'était long même sur une plage au sable fin) qui a créé ma passion un peu secrète pour la parentalité (j’ai énormément de théories et d'opinions comparées à ma pratique). C’est grâce à cette famille nomade, qui quittera l'île presque en même temps que moi, que je vais apprendre les rudiments du végétarisme que j’applique encore souvent et que je prendrai goût au troc. J’y ai aussi rencontré une autre famille qui m’emmènera par la suite de nouveau sur la Costa Smeralda. C’est l’été le plus riche (et le plus long) que j’ai vécu.
Le vendredi soir, quand le petit garçon est gardé par son père, Marina et moi avons pris l’habitude de filer à Golfo Aranci. Les cartons de nos margaritas posés en équilibre sur les rochers, on fait descendre nos pizzas et la semaine écoulée à grandes gorgées de bière fraîche sarde. On se comprend si bien avec cette Italienne. On se raconte tout face à la mer qui reste bleue quand le soleil se couche, nous sommes devenues amies. Je suis jeune mais sa vie de quasi quarantenaire m’effraie bien moins que ce que j’avais imaginé de la vie d’adulte. Je sens que je suis à l’aube de la mienne et c’est elle qui me montre le chemin. Cependant, nous avons un point de discorde : elle insiste sur le fait que mon rêve de travailler dans la mode ne me ressemble pas.
Six ans plus tard, elle fut évidemment la première personne que j’ai appelée quand j’ai fini ma formation au drainage lymphatique. J’étais fière de lui dire que j’allais être masseuse, comme elle. En faisant ce pas de côté au journalisme (que je pratiquais sous l’angle culturel et parfois mode), je viens de concrétiser que non, je ne bosserai pas dans la mode. Ce n’est plus ce que je veux, Marina l’avait simplement senti avant moi.
Pourtant, parfois, parce qu’il s’avère qu’un nombre conséquent de mes clientes travaillent dans ce milieu, je sais que je n’étais pas tout à fait à côté de la plaque. Les connaissances que mes deux premières années d’études m’ont apportées + les kilos de magazines et les multiples saisons emmagasinées d’Habiller Pour résident toujours en moi. Discuter avec ces clientes me donne l’impression d’être connectée à cet univers qui m’a tant passionnée.
Et en fait, c’est tout ce que je voulais. Je m’étais simplement trompée sur l’intitulé de mon désir. Ce que je souhaitais, ce n’était pas forcément travailler dans la mode mais avoir le bagage qui va avec. J’espérais que dans mon monde, le vêtement ne soit pas superficiel, je voulais être au centre de ce qu’il se passe (Paris + mes clientes) et que les milieux culturels touchent autant ceux qui m’entourent que moi. C’est progressivement devenu ma réalité.
Ce que je remets en question maintenant, c’est cette idée de job de rêve. Avec “la mode” et surtout le journalisme, j’ai confondu ce que j’aime observer, consommer, avec ce que j’apprécie faire ou produire à longueur de semaine. Avec le recul, je crois pouvoir dire que… masser est devenu mon job de rêve. Pourquoi ? Je vous explique au prochain numéro !
À très vite pour la suite, je vous embrasse,
Pauline
Ps. Descendez encore un petit peu dans ce mail, vous trouverez un coeur blanc. Si vous avez aimé cette newsletter, vous pouvez me soutenir en cliquant simplement dessus. Merci d’avance et bon week-end xx
Qui suis-je ?
Je m’appelle Pauline Brulez et je suis masseuse depuis deux ans et demi. Mon but est de vous faire découvrir des aspects indiscutés de mon métier mais aussi de vous donner envie de développer le réflexe du massage. Par moi (je pratique et mélange le drainage lymphatique et le deep tissue) ou par d’autres - mais en tous cas, souvent.💆♀️
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