Je reçois mes clientes dans mon studio de 18 m2 (qui en paraît 24) (si vous habitez à Paris, vous savez malheureusement comme cette nuance est importante). C’est évidemment très loin du télétravail mais c’est aussi une adaptation de mon espace de vie personnel à ma vie professionnelle. Je pousse ma table basse, déplie celle de massage et le tour est joué. On me pose souvent la question : est-ce que ça me dérange d’avoir mes clientes à la maison ?
Et bien non, pas du tout, c’est même le contraire du dérangement. Je range. Voilà enfin une raison valable de ne pas laisser disparaître de façon chronique mon fauteuil vert sous une pile de fringues. De faire la vaisselle régulièrement aussi, et de passer l’aspirateur tous les jours sur mon grand tapis. J’ai l’impression que ces corvées font partie de ma fiche de poste imaginaire, alors en bonne employée de moi-même, je les exécute. Sinon, ça serait plus compliqué, je me connais.
Non, ça me permet d’accueillir mes clientes en proclamant : “Bienvenue dans mon salon/salon de massage !” et vous savez que j’aime jouer avec les mots. En y repensant, je me demande si je ne dis pas “slash” à voix haute… Désolée pour ça.
Non. Parce que je triche et mon espace de vie personnelle est aussi ailleurs. Je passe une grande partie de mon temps libre chez mon amoureux dont l’appartement est proche du mien.
Non, même si, lors de consultations qui n’avaient rien à voir (psy, naturopathe), on m’a alarmée sur l’extrême dangerosité de recevoir les énergies des autres chez moi. De trop révéler mon intimité, en donnant accès à ma salle de bain par exemple. J’ai commencé par flipper, puis par tout ranger/cacher comme une monomaniaque dans des boîtes et paniers (très bonne idée d’ailleurs). Et au final, je ne ressens toujours pas le problème. J’aère entre deux rendez-vous. Mes clientes ne sont pas intrusives. Elles me demandent la permission d'utiliser mes toilettes, parfois encore au bout du dixième rendez-vous. Certes, elles observent mes objets mais ça se résume à ce qu’elles lisent les dos des bouquins alignés sur mes étagères. Tout est sous contrôle.
Les boîtes de rangement limitent les prises de tête mais il est vrai qu’avoir sous les yeux la plinthe à réparer et la lettre à poster peut être une source d'inconfort. Dès que je suis seule, je griffonne ces tâches dans mon carnet pour les ôter de mes pensées et globalement ça ne me dérange pas.
Non, parce que cet espace est si lumineux. Si bien placé, près du canal Saint-Martin. Et puis mes petits balcons ! Et les voisins sont discrets ! Vous n’imaginez pas la joie le jour de mon emménagement il y a plus de quatre ans. Derrière la fenêtre au verre dépoli de la cuisine, ça scintille. La pointe de la tour Eiffel est coincée au loin entre deux immeubles et je ne le savais même pas en signant le bail. J’ai toujours adoré mon appartement et y travailler me permet d’en profiter encore plus.
Non, mais c’est quand même au sixième étage. Sans ascenseur. Grand sujet de stress quand mon planning se vide en hiver : je suis certaine que ces six étages et l’effort qu’ils requièrent en sont la raison principale. C’est généralement à ce moment de ma réflexion qu’il me semble indispensable de me trouver un autre lieu.
Non, mais, en même temps, est-ce que ça ne ferait pas plus pro de recevoir dans un cabinet ? Mes clientes rétorquent que non. Ça a été mon grand sondage en avril et en mai. Je m’étais préparée à sous-louer un espace quelques demi-journées pour avoir l’air d’être la plus pro des pros pendant l’été et développer un autre rythme à la rentrée. Toutes mes fidèles ont froncé les sourcils, parce qu’elles se sentent bien chez moi. Et aussi parce qu’elles aiment le quartier (il était alors question d’un espace à 20 minutes à pied de chez moi). Alors j’ai changé d’avis. Pour l’instant.
Non, vraiment, ça ne me dérange pas. Parce que comme une enfant gâtée j’ai pris l’habitude de pouvoir faire une sieste entre deux massages, de me cuisiner un truc et d’entamer un film. De pouvoir façonner mon emploi du temps sans avoir d’intermédiaire et bosser le dimanche, terminer plus tard le lundi et fermer quatre jours si j’en ai envie. Peu importe, mon loyer reste le même en fin de compte.
J’ai pris l’habitude d’être maîtresse des lieux, avec mes bougies, mes livres, mes miroirs, mes plaids. Je ne pensais pas que ces éléments me touchaient tant mais la perspective d’en être privée m’a ralentie dans mon projet de déménagement. Ma personnalité et mes gestes restent intactes quand on me sort de mon studio mais l’expérience que je souhaite offrir est à son maximum lorsque je reçois chez moi. Mes clientes viennent, me confient leur corps et leur intimité avec toute la vulnérabilité que ça implique, et en échange j’ouvre la porte de mon lieu à moi et le partage l’espace d’un massage. Nous sommes à égalité.
Pour tout un tas de raisons, ça ne me dérange pas de travailler chez moi. La situation n’est pas idéale non plus. Mon statut d’auto-entrepreneuse ne m’accorde pas de charge d’où je pourrais déduire un loyer supplémentaire - travailler chez moi n’est pas tout à fait un choix. J’ai tendance à écouter religieusement mes aînées pour m’assurer le moins d'erreurs possibles. Mais à ce sujet, je n’anticipe pas, j’accepte de me tromper et je m’ouvre aux évolutions que prendra mon activité de masseuse. Je suis curieuse des lieux où elle me mènera, de comment je me les approprierai. En attendant, vous êtes les bienvenues chez moi.
Qui suis-je ?
Je m’appelle Pauline Brulez et je suis masseuse depuis deux ans et demi. Mon but est de vous faire découvrir des aspects indiscutés de mon métier mais aussi de vous donner envie de développer le réflexe du massage. Par moi (je pratique et mélange le drainage lymphatique et le deep tissue) ou par d’autres - mais en tous cas, souvent.💆♀️ BOOKER UN MASSAGE 💆♀️
Merci pour ce post ! Il donne très envie de venir se faire masser chez toi !